Selon une étude menée conjointement par France Stratégie et la Dares et publiée le 10 mars dernier, 800 000 emplois seront à pourvoir chaque année en France à l’horizon 2030. Mais tous les secteurs ne seront pas concernés. La demande pour certains métiers sera particulièrement forte, avec des risques de pénurie. Le rapport intitulé « Métiers 2030 : quels métiers recruteront à l’horizon 2030 » dresse un tableau des grandes tendances et des perspectives pour les prochaines années.
Une étude pour évaluer les besoins sectoriels en compétences
L’étude « Métiers en 2030 » vise notamment à estimer les déséquilibres entre l’offre et la demande de compétences afin de définir les politiques globales et accompagner :
- les décisions individuelles en termes de formation initiale ou de reconversion professionnelle des actifs en activité,
- l’orientation des demandeurs d’emploi,
- et éventuellement le recours à l’immigration.
Pour leur analyse, France Stratégie et la Dares se sont basées sur plusieurs hypothèses macroéconomiques afin de prendre en compte les conséquences de la crise sanitaire et les actions mises en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique. L’évolution des facteurs suivants a été considérée, dans la mesure où elle influe sur le scénario macroéconomique de référence :
- la démographie, notamment la population active,
- les technologies,
- la situation politique et économique à l’échelle internationale,
- la politique générale.
Au total, 800 000 recrutements seront nécessaires chaque année en France. Pour les métiers cités, les chiffres des postes à pourvoir s’obtiennent par l’addition des créations nettes d’emploi liées au dynamisme du marché et des départs à la retraite, ces derniers constituant 90 % de l’ensemble.
Risques de déséquilibres pour certains métiers
Les efforts entrepris pour réduire le décrochage scolaire devraient entraîner une élévation progressive du niveau de diplôme.
Le rapport indique que 1,8 million de postes destinés à des personnes titulaires d’un diplôme d’études supérieures apparaîtront sur la période 2019-2030, dont 40 % dans le commerce, les services administratifs et de soutien, ainsi que les activités juridiques, comptables et de gestion. Leur proportion passera alors de 43 % des emplois à 48 %, pour un taux de chômage de 4,5 %.
En revanche, quelques 800 000 postes occupés par les actifs bacheliers ou non sont voués à la disparition, faisant grimper le taux de chômage dans cette catégorie à 9,2 %.
Des déséquilibres sont redoutés pour certains métiers en raison du nombre insuffisant de jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Chaque année, seules 640 000 entrées seraient comptabilisées, pour répondre à une demande soutenue. 15 métiers sont particulièrement concernés, dont les 5 plus gros pourvoyeurs d’emplois précités.
Les auteurs de l’étude notent par ailleurs la faible attractivité de certains métiers de première expérience, alimentés par les jeunes en début de carrière. C’est le cas de ceux associés à des conditions de travail difficiles (hôtellerie-restauration, bâtiment, entretien, agriculture, ouvrier dans l’industrie…)
Les cinq principaux métiers créateurs d’emplois d’ici à 2030
Selon l’étude, le métier d’ingénieur informatique sera le plus porteur d’ici à 2030 avec 115 000 postes créés, soit une progression de 26 %. Suivent ceux d’infirmiers et sages-femmes (en hausse de 18 %), d’aides-soignants, qui augmentent de 15 %, de cadres commerciaux et technico-commerciaux qui créent 17 % d’emplois supplémentaires. Les aides à domicile complètent le top 5 avec environ 100 000 nouveaux d’emploi (+18 %). Ces conclusions devraient aider à décider quel métier choisir pour avoir accès à de nombreux débouchés.
Ces évolutions ont néanmoins des explications différentes en fonction des métiers :
- la multiplication des fins de carrière : enseignement, entretien, vente, conduite de véhicules ;
- les postes nouvellement créés pèsent pour 50 % ou plus de l’offre : ingénierie informatique, ingénierie industrielle et cadres techniques en industrie ;
- la création pure d’emploi pour 25 % ou plus des postes à pourvoir : cadres administratifs, comptabilité et finances, commercial (cadres et technico-commerciaux), santé (sages-femmes, aides-soignants, infirmiers aides à domicile…).
En raison de la pandémie de Covid-19 et la démocratisation du télétravail, les services aux entreprises et les services d’utilité collective progressent. La croissance dans les services marchands égalera celle de l’emploi global d’ici l’échéance de 2030, preuve de la tertiarisation de l’économie. Dans ce contexte, les secteurs de la santé et du numérique gagnent du terrain. À l’inverse, les activités qui impliquent la fréquentation des lieux publics et les interactions sociales (hôtellerie-restauration, événementiel, commerce), ainsi que les transports, seront désavantagées.
Quant au BTP, il tirera profit de la nécessité de répondre aux exigences de performance énergétique des bâtiments qui entraînent une accélération des travaux et une augmentation des investissements en faveur de la transition bas carbone.