Chez les jeunes actifs, la recherche de sens au travail est importante. Depuis la crise sanitaire, la fermeture de certaines entreprises et la généralisation du télétravail, de plus en plus de travailleurs ont exprimé leur envie d’exercer un métier plus en phase avec leurs valeurs et leurs aspirations. Des coachs indépendants ou des cabinets les accompagnent dans leur reconversion professionnelle.
Explosion des offres d’accompagnement à la reconversion professionnelle
Nombreuses sont les personnes qui se lancent dans des études et une carrière sans vraiment se demander si cette voie leur convient. Avec le temps, le décalage entre leur quotidien professionnel et leurs attentes se creuse, entraînant une perte de plaisir et de motivation, voire une souffrance physique et morale. Et elles ont beau changer plusieurs fois d’employeur, elles ne constatent aucune amélioration.
Dans l’espoir d’une meilleure qualité de vie au travail, un nombre croissant de jeunes cadres veulent ainsi se reconvertir dans un autre métier. Selon un dernier baromètre publié en février par un acteur de la formation et de l’orientation professionnelles et CSA, plus d’un tiers des 18-34 ans (35 %), s’y prépare sérieusement.
Certains sont totalement autonomes dans leur démarche, mais d’autres ont besoin d’être guidés. Ils représentent une cible de choix pour les spécialistes du coaching qui se multiplient sur ce marché à fort potentiel. D’ailleurs, le baromètre révèle que plus des trois quarts des actifs qui ont franchi le pas sollicitent le conseil d’experts pour cette transition aux enjeux élevés.
Les offres d’accompagnement à la reconversion comprennent généralement des ateliers de réflexion individuels ou collectifs, associés à des séances de tutorat personnalisé et des cours. Les thématiques sont variées :
- tests de personnalité,
- identification de ses forces / faiblesses / peurs ou croyances bloquantes, de ses valeurs et envies.
Chacun est mieux armé pour affiner ses priorités et construire un projet professionnel qui a du sens, ce que ne permet pas toujours le bilan de compétences classique. En fonction des préférences et de la disponibilité de chacun, les différents organismes optent pour le 100 % présentiel, pour le tout en ligne ou pour une organisation « hybride ».
L’effet de mode de la reconversion pointé du doigt par certains coachs
Pour autant, toutes ces démarches n’aboutissent effectivement à une reconversion que dans 40 % des cas. En effet, le processus permet à certains de réaliser que leur « métier rêvé » relève du fantasme. D’ailleurs, les candidats sont mis en garde contre l’effet de mode et à l’issue du programme, une partie d’entre eux choisit le statu quo ou reste dans un environnement proche de celui qu’ils quittent.
Mais alors que la demande explose, des coachs professionnels déplorent l’excès de valorisation, voire la « glorification » de la reconversion ces dernières années, au point qu’à peine leur carrière entamée, des salariés pensent déjà à opérer un virage à 180°. Et cela d’autant plus que le coût de ces programmes dépasse souvent le millier d’euros. Même si le coût peut être partiellement pris en charge par Pôle emploi, par le Compte Personnel de Formation (CPF) ou par l’employeur, il représente une charge non négligeable.
Sans minimiser l’envie légitime de la jeune génération à trouver un sens au travail, les experts redoutent les effets pervers de la « systématisation » d’une telle démarche. Outre le risque de déconvenue pour certains, la question de la réorganisation des entreprises pourrait être occultée. Or, l’amélioration des conditions de travail, clé du bien-être au travail, peut éviter à ces jeunes d’investir du temps et de l’argent dans une reconversion qui n’est pas forcément pertinente, et pourrait au contraire s’avérer contre-productive en bousculant leurs repères.